Femmes mixité Enseignement Supérieur et Recherche

 11 février – Journée internationale des femmes et des filles de sciences

 

Malgré des avancées qui ont permis de passer d’une situation d’exclusion jusqu’à la fin du XIXe siècle à une incitation des filles et des femmes à intégrer les secteurs scientifiques aujourd’hui, l’égalité entre les femmes et les hommes tarde à se réaliser dans les métiers scientifiques, à la fois en termes d’accès et d’évolution de carrière (sauf dans le domaine des formations paramédicales et sociales). Une vision patriarcale véhicule encore et toujours l’idée que les femmes scientifiques ne pourraient avoir qu’un rôle subalterne quand les hommes seraient des vrais faiseurs de sciences.

Les études de genre montrent qu’en raison des stéréotypes attribués à certaines filières, les filles ne vont pas naturellement vers les filières scientifiques et technologiques « pas faites pour des femmes ». Elles ne représentent que 9% en terminale STI2D et la réforme du lycée de 2019 a fait reculer la part des filles dans l’enseignement des mathématiques. Dès le plus jeune âge, la société ne valorise pas les mêmes qualités chez les filles et chez les garçons. Rapidement les premiers effets des inégalités femmes/hommes en matière de choix d’orientation se font sentir. Les filles se sentent nettement moins confiantes face aux évaluations en mathématiques, selon une étude de la DEEP (sept 2022), les filles ont une maîtrise en mathématiques inférieure de 9 points à celle des garçons. Les jeunes femmes doutent de leurs capacités à s’intégrer dans des formations « masculinisées » et, finalement, sont poussées à l’autocensure. Pour tordre le cou définitivement à ces stéréotypes, on précisera que les études en psychologie ont démontré qu’il n’existe pas de différence significative entre les sexes pour être un·e bon·ne mathématicien·ne [1].

Les filles réussissent en moyenne mieux au BAC scientifique, elles étudient plus longtemps et sont davantage diplômées du supérieur par rapport aux garçons. En 2020 2021, à 18 ans, 55 % des femmes sont inscrites dans le supérieur, contre 44 % des hommes. La même année scolaire on compte 23 % de doctorantes en mathématiques, 27 % en sciences et technologies de l’information et de la communication et 30 % en sciences pour l’ingénieur·e À l’inverse, la part des doctorantes atteint 54 % en sciences agronomiques et écologiques, 55 % en sciences humaines et sociales, et 58 % en biologie, médecine et santé [2].

Dans l’éducation nationale, en 2020, la part des femmes enseignant les mathématiques dans le second degré était de 44,5% ; en physique-chimie de 42, 8% et seulement de 15% en technologie. Le salaire moyen net mensuel d’une enseignante est de près de 300 € plus faible que celui des hommes. Au CNRS, toutes disciplines confondues, le pourcentage moyen de chercheuses est de 35 %. Et, plus on monte dans la hiérarchie, plus le plafond de verre se fait sentir. Dans l’enseignement supérieur, la proportion de femmes parmi les enseignant·es chercheur·ses chute avec seulement 27 % de professeures d’université. L’égalité de salaires n’est toujours pas atteinte dans l’Enseignement Supérieur et Recherche : en moyenne un enseignant-chercheur touchera 400€ de plus par mois qu’une femme pour un même poste et une même durée de carrière.

Enfin, l’ESR bénéficie de l’image d’un monde protégé des violences sexistes et sexuelles alors même que les enquêtes et les témoignages reçus par les associations, montrent que les violences envers les femmes existent dans les mêmes proportions dans tous les milieux socio-professionnels [3].

Face à ces constats la FERC CGT se joint à la journée internationale des femmes et des filles de sciences et rappelle qu’elle :

  • combat le système patriarcal, fondé sur une domination des hommes sur les femmes et toute forme de discrimination
  • lutte pour l’égalité filles-garçons / femmes-hommes et dénonce les stéréotypes de genre
  • défend l’accès des femmes aux postes de responsabilités dans tous les métiers et à tous les niveaux
  • revendique l’égalité salariale et professionnelle.

[1Thomas Breda (2014), « Pourquoi y a-t-il si peu de femmes en science ? », Regards croisés sur l’économie n° 15

[2« Femmes et hommes, l’égalité en question », édition 2022, INSEE

[3Claches - Collectif anti-sexiste de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur