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 Bulletin IHS n°9

 

1918, 1871, pandémie et commémoration, que nous apprend l’Histoire ?

En ce mois de mai 2020 impossible d’écrire l’édito du bulletin de l’IHS sans parler d’une actualité incroyable, celle de la pandémie due au coronavirus.
Il y a 6 mois, qui aurait pu imaginer une telle séquence ? Une poignée de scientifiques tout au plus. En quelques semaines nous avons toutes et tous beaucoup appris en épidémiologie et peut-être même découvert l’ampleur de la grippe dite « espagnole », de 1918 (partie peut-être des États Unis ?), et qui s’est poursuivie en 1919 et 1920.

1918, une date historique connue comme étant celle de la fin de la première guerre mondiale, effaçant parfois de notre mémoire « collective » l’autre événement. Pourtant cette épidémie du début du 20ème siècle a été responsable de plus de mort·es que le conflit lui-même.

Retiendra-t-on de la pandémie de 2020, dont on peut espérer qu’elle n’atteindra pas les 20 millions de mort·es de celle de 1918, qu’elle est due à un « virus chinois » comme le martèle Trump ?
Dans un siècle qu’en penseront les historien·nes ? L’actualité nous fait nous retourner, nous plonger dans l’histoire mais, parfois, c’est l’histoire qui fait l’actualité.
En 2021 nous allons commémorer les 150 ans de la Commune, « La Commune de 1871 » comme on doit l’appeler si l’on ne veut pas restreindre cette période à la seule capitale. Il y eu aussi des mouvements insurrectionnels à Lyon, Marseille, Limoges… même s’ils ont été limités et, sans le retentissement de celui de Paris.
Si pour beaucoup, 1870 reste attaché à la guerre de 70 avec la reddition de Sedan, pour combien de lycéen·nes aujourd’hui la date de 1871 est-elle associée à la Commune ?

Pourtant, dans le mouvement ouvrier, la Commune est auréolée d’un immense prestige. N’est-ce dû qu’au sacrifice des communard·es qui ont payé de près de 30 000 mort·es son écrasement par les troupes versaillaises d’Adolphe Thiers, installant, dans le sang, la troisième République ?
Durant cette année de commémoration, nous évoquerons le contexte historique : la défaite entraînant la chute du second Empire et la mise en place de la troisième République.

Nous évoquerons aussi une figure historique, Louise Michel, cette institutrice totalement engagée dans l’expérience révolutionnaire et qui le paiera de longues années d’exil.
Avons-nous encore à apprendre de la Commune de 1871 ?
A cette question nous essaierons d’apporter des éléments de réponse en 2021.

Bilan d’acftivité de l’IHS

Le bilan d’activité de l’IHS de l’année écoulée est disponible sur le site : Bilan IHS 2019/2020

Correspondant·es

Pour améliorer la communication entre l’IHS fédéral, les structures et leurs adhérent·es, il est proposé que chaque organisation désigne, sur la base du volontariat, un ou une correspondant·e. Merci de nous communiquer le nom et les coordonnées du ou de la camarade correspondant·e IHS de votre structure.

Adhésion 2020

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Le temps des ouvriers : ni mépris, ni angélisme !

« Le temps des ouvriers », documentaire de près de quatre heures, divisé en quatre épisodes, mérite d’être considéré. Le réalisateur Stan Neumann, documentariste d’origine tchèque, a réussi une synthèse éblouissante, par sa rigueur et son esthétique, de la classe ouvrière.

On assiste à une passionnante leçon d’histoire politique, sociale et économique avec la voix off de Bernard Lavilliers, l’intégration de séquences d’animation (décortiquant de manière ludique des concepts divers : du capitalisme au taylorisme) aussi instructives qu’amusantes, en plus des archives et des témoignages d’ouvrier·es, d’historien·nes, de philosophes.

Du début du XVIIIe siècle à nos jours, les quatre épisodes bien identifiés : « Le Temps de l’usine , Le Temps des barricades , Le Temps à la chaîne , Le Temps de la destruction » font défiler les événements de Glasgow à Terni, de Sochaux à Berlin en passant par les mines de Silésie, les usines du Yorkshire ou les aciéries italiennes.

Cette longue histoire ouvrière européenne part de Grande-Bretagne où une nouvelle économie "industrielle et commerciale" portée par le textile, chasse des campagnes les petits paysan·nes et les tisserand·es indépendants. Pour survivre, plusieurs milliers d’ouvrier·es doivent désormais travailler contre salaire dans des fabriques « factories » qui se rassemblent sur des métiers à tisser appartenant à des marchand·es devenus industriel·les. Avec, comme première évidence, la dépossession du temps. Car être ouvrier·es, hier comme aujourd’hui, c’est d’abord vendre son temps. Ce Temps des ouvriers, c’est celui du travail toujours compté minute par minute, celui des grands événements historiques et enfin c’est celui des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne.

Au cours de ces trois siècles d’histoire du monde ouvrier européen, on mesure ce que nos sociétés doivent aux luttes des "damnés de la terre". Les revendications sont sociales et politiques, des conditions de travail aux grandes luttes, en passant par les relations entre patron·nes et employé·es, la réglementation du travail des enfants, les salaires, la durée du temps de travail, la liberté syndicale ou le droit de grève, ... Cela rappelle des histoires plus récentes… Force est de constater à quel point les problématiques restent les mêmes à travers les siècles. « L’évidence avec laquelle passé et présent se font écho m’a surpris au montage », témoigne Stan Neumann.

Cette série documentaire révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’industrialisation de la production, par la naissance du capitalisme, par l’histoire des ouvriers devenus, par conséquence, classe structurée comme en souligne une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, "personnages" à part entière tels que Jacques Rancière ou Marion Fontaine.

A l’école de la Commune de Paris

La Commune de Paris fête son 150ème anniversaire en 2021. Sa pensée éducative et son action effective en matière scolaire sont encore très peu connues car le modèle dominant de l’histoire scolaire française les oublie systématiquement.

Pourtant, la première laïcisation des écoles publiques fut l’œuvre de la République de Paris dès le 2 avril 1871. De même, celle-ci, dans les conditions extrêmement difficiles que lui imposa le second siège de Paris, entama la construction d’une école inspirée par la pensée pédagogique des divers socialismes du XIXe siècle. La notion d’éducation intégrale fut au cœur de cette approche d’une éducation nouvelle, qui voulait « qu’un manieur d’outil puisse écrire un livre, l’écrire avec passion, avec talent, sans pour cela se croire obligé d’abandonner l’étau ou l’établi ».

Cet ouvrage se consacre à l’étude de l’œuvre scolaire de la Commune de 1871 et propose de réhabiliter une histoire pédagogique presque totalement méconnue : celle qui va des projets pédagogiques ouvriers dès les années 1830 au projet syndical d’école rouge de la jeune CGT avant le premier conflit mondial, en passant par l’école nouvelle élaborée par la Commune.
L’ouvrage consacre, entre autres, un long chapitre au projet éducatif des Bourses du Travail et de la CGT avant 1914 et à leurs réalisations pédagogiques. Au fil de l’étude des cours professionnels, des bibliothèques du travail et de la littérature de jeunesse éditée par le mouvement ouvrier, le/la lecteur·trice pourra apprécier la richesse de la pensée éducative du syndicalisme révolutionnaire en ces années où l’idée d’une école primaire syndicale faisait son chemin dans les congrès confédéraux. Il pourra aussi découvrir ou redécouvrir des militant·es tels que Fernand Pelloutier, Pierre Monatte, Madeleine Vernet, Maurice Dubois, Georges Yvetot, Marie Guillot, Albert Thierry, Gabrielle Bouët, Marius Nègre, etc., et mieux connaître leur bel engagement en faveur d’une école totalement émancipée de la domination capitaliste.

C’est donc la conception et l’histoire d’une autre école qui nous sont présentées ici : ni l’école étatique des « républicains d’ordre », ni l’école confessionnelle des congrégations religieuses, mais une école émancipée construite par et pour le peuple.

L’histoire d’une autre école.

Jean-François Dupeyron.
Prix 20€. Format 16 x 24 cm 310 pages
ISBN 978 2 917645 74 1
A commander sur www.raisonetpassions.fr
Ou chez votre libraire

L’auteur : Jean-François Dupeyron est enseignant-chercheur en philosophie de l’éducation à l’Université de Bordeaux. Membre de l’équipe de recherche SPH (Sciences, Philosophie, Humanités), il travaille sur les questions d’école et d’éducation. Il est également militant syndical à la CGT FERC Sup.

Les femmes et la Commune de Paris

« Durant La Commune, les femmes ont joué un rôle essentiel . »
Combien de fois avons-nous lu ou entendu cette phrase ? Pourtant les communardes sont étonnamment méconnues. Cet ouvrage a pour ambition de les faire sortir de l’ombre (…)
Qui étaient ces femmes ? Et si j’avais une ancêtre communarde ..!
Pourquoi un tel engagement des femmes ?

Malgré les théories de Proudhon, leur situation dégradée… Ouvrières, elles sont méprisées, chez elles, c’est souvent l’enfer de la pauvreté… On parle aussi de prostitution obligatoire pour faire vivre la famille… Les femmes ont été de tous les combats révolutionnaires, 1830, 1848 et 1870.

Les femmes de 1871 n’ont rien à perdre, elles ont à gagner ce qu’elles souhaitent le plus, la reconnaissance de leur dignité. Elles font totalement confiance à La Commune…
… Elles sont dans les comités de quartiers, elles pétitionnent pour remplacer les religieuses dans les hôpitaux ,les écoles et les prisons par les laïques…
… Marguerite,Victoire Tynayre désignée par le gouvernement Thiers pour gérer l’éducation et les écoles se met au service de La Commune…
… Marie Laverdure participe à la rédaction d’un mémoire pour la création de crèche « l’éducation commence le jour de la naissance », quelle modernité.

Extraits de la présentation de l’ouvrage, Annie Limoge-Gayat, Conseil des « Amis de la commune »

À venir, une initiative de l’IHS fédéral

Dans notre dernier bulletin (n°8) nous annoncions notre projet d’initiative pour 2021 sur : « Évolutions féministes et militantes dans les champs de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture »

Voici quelques éléments de réflexion pour préparer cette initiative. Les extraits ci-dessous pourraient être appréhendés comme une première approche pour un appel à contributions dans le cadre de la préparation de celle-ci.
Qu’en a-t-il été de l’activité dite « en direction des femmes travailleuses des CET » au SNETP-CGT, aujourd’hui CGT’Educ’action.
Il s’agit, à partir de quelques documents, d’ouvrir le chantier de notre initiative et d’inciter à la recherche d’autres documents, écrits pour confronter passé et présent, l’un et l’autre enrichissant la réflexion collective.

Document 1 :

Remontons le temps avec ces extraits du « Travailleur de l’enseignement technique » n°241 d’avril 1977 :
conférence nationale des femmes des CET

  • 1964 - 30 délégués (la première ?…)
  • 1967 - 100 délégués
  • 1975 - 200 délégués pendant deux jours

Des succès 

  • indemnité de crèche
  • reversion de la pension de la femme sur le conjoint
  • circulaire sur les nouveaux droits de la maternité
  • report à 45 ans de l’âge limite pour le recrutement de certaines femmes
  • maintien sur le poste en cas de mi-temps
  • prime d’installation pour les jeunes ménages
  • autorisation d’absence pour garde d’enfants portée à 12 et 15 jours

Une question
n’aurions nous pas trop tendance à limiter les problèmes des femmes aux aspects spécifiques découlant de la maternité ? (…)

Pus nombreuses à la CGT 
dans les CET : 39 % de femmes. Au SNETP-CGT : en octobre 1973, 25 % de femmes syndiquées ; et en octobre 1976, 32 % de femmes syndiquées 

Document 2 :

A l’issue de la 4ème conférence des femmes une brochure est éditée, ce document permet une première approche sur la démarche syndicale quant aux questions dites « féminines » dans l’organisation CGT des enseignant·es, personnels de direction et d’éducation.