RetraitéE - continuité syndicale UFR

 Illectronisme et discrimination sociale

 

Face à la généralisation du tout numérique, l’illectronisme devient un handicap majeur remettant en cause l’égalité d’accès aux services publics.

La généralisation du « tout numérique » conduit trop souvent à l’exclusion sociale. Si les retraité·es en sont majoritairement victimes, ils et elles ne sont pas les seul·es.
L’illectronisme est la situation d’une personne ne possédant pas les compétences numériques de base, ou ne se servant pas d’internet soit par manque d’équipement adapté, soit par incapacité à les utiliser.

Une étude de l’INSEE montre qu’en 2021, 15,4% des personnes de 15 ans ou plus résidant en France sont en situation d’illectronisme. Ce pourcentage atteint 62% pour les plus de 75 ans, 13% des français·es sont sans connexion.
Trois facteurs favorisent cette situation, la pauvreté, l’absence de diplôme ou de formation initiale, et enfin l’âge, sans compter les zones blanches ou de faible couverture.

Devant l’ampleur de l’illectronisme, l’État a dû créer un réseau de « Maisons France Services » regroupant divers services d’aides aux démarches administratives du quotidien telles que la santé, la retraite, le logement ou la famille.
Si l’utilité de ces services n’est pas contestable, leur multiplication témoigne des graves conséquences de cette course effrénée vers le tout numérique et surtout de la dégradation des services publics et du manque de personnel humain.
De même que l’accessibilité des locaux aux personnes atteintes de handicap physique est devenue un principe fondamental, ayons la même exigence face au « handicap numérique ». Nous devons exiger un accès pour tous et toutes et évidemment gratuit.
Que nous soyons aujourd’hui à l’aise ou pas avec l’outil informatique, cette évolution sociétale doit nous alerter car demain, chacun·e d’entre nous peut y être confronté·e.

L’illectronisme conduit à une nouvelle forme de dépendance : beaucoup de personnes âgées ne peuvent plus accomplir les démarches personnelles administratives indispensables à la vie quotidienne et au suivi de ses dossiers sociaux.
Cette fracture numérique participe à l’isolement des plus âgé·es et particulièrement des plus précaires tant le numérique est devenu un vecteur majeur pour l’information et la communication.
Sur fond de précarité et d’isolement social, l’illectronisme favorise aussi le développement d’entreprises, sans scrupules, abusant parfois même jusqu‘à l’escroquerie.

Il est urgent que les pouvoirs publics, tant au niveau national que territorial, agissent efficacement face à ces dérives inquiétantes, en assurant le maintien et le développement de services de proximité suffisamment dotés en moyens matériels et humains. Ils doivent développer l’aide à l’acquisition d’équipements numériques et créer des réseaux publics et gratuits de formation adaptés au public concerné.

Ces revendications, nous devons les porter syndicalement avec détermination pour sauver ce droit fondamental, l’égalité d’accès aux services publics.