RetraitéE - continuité syndicale Femmes mixité UFR

 La vitre cassée et le fond de la piscine

 

Au Festival de Cannes, le deuxième « MeToo » s’est fortement manifesté avec beaucoup d’émotions et de courage par la voix de Judith Godrèche et celle de l’actrice-chanteuse iranienne Golshifteh Farahani.

S’il est vrai que la société et la CGT ont pris conscience de la gravité des violences faites aux femmes, il reste beaucoup à faire, tant le patriarcat et le formatage des hommes et des femmes dès l’enfance ont modelé les esprits.

La forme ultime se passe en Iran et ailleurs où les violences sont érigées en système politique. À la courageuse lutte des Iraniennes dans le mouvement « Femmes, Vie, Liberté » participent des hommes, très nombreux selon le témoignage de Golshifteh Farahani. Après avoir subi la violence et l’exil celle-ci exprime sa détermination à poursuivre la lutte, « c’est rentré dans la profondeur de mon âme […], mais j’ai continué à vivre », et d’ajouter « la vitre est cassée ».

Vivre et lutter c’est le message du livre collectif « Nous n’avons pas peur », dans cette société où la femme n’est pas protégée par la loi. Comme le dit Golshifteh, toutes les femmes du monde ont une histoire à raconter. En France, le témoignage de Judith Godrèche trouve des échos à l’image de celles qui ont participé à son court métrage « Moi aussi ».

L’expression de la violence prend toutes les formes : féminicides, viols impunis, coups, mais aussi emprise psychologique de ceux qui détiennent un pouvoir, une autorité, harcèlement et propos sexistes qui ne sont pas que des blagues rigolotes. La réflexion de Jack Lang lors de l’affaire DSK, « il n’y a pas mort d’homme » révèle la banalisation de ces comportements.

Parfois les femmes qui parlent sont perçues comme des fleurs bleues, des frustrées ou des viragos hystériques. Mais si le silence arrange et que la parole dérange, celle-ci libère, car s’extirpent alors ces traumatismes destructeurs enfouis au plus profond. Idem pour l’inceste et la pédophilie. Judith Godrèche dit « son passé qui ne passe pas », mais évoque l’image de la petite fille plongée au fond de la piscine et qui finit par remonter pour briser le silence.

Il s’agit de faire la guerre au patriarcat, instrument du capitalisme qui exploite en divisant et, comme le dit G. Farahani : « j’ai besoin de mes frères pour défendre la femme », car « ce n’est pas une bataille entre les hommes et les femmes, mais une bataille contre l’ignorance. »

Au moment où, certes, nous avons barré le RN celui-ci reste puissant. Simone de Beauvoir disait : il suffit « d’une crise politique, sociale, religieuse, d’une guerre pour que les droits des femmes soient remis en question ». Ensemble restons vigilant·es !