Les gouvernements passent… L’Éducation Nationale trépasse
La rentrée 2024 ressemble à s’y méprendre aux précédentes tout en actant une dégradation continue de la situation de l’Éducation nationale et des conditions de travail de ses personnels. Cinquième ministre en 15 mois à arriver rue de Grenelle, Mme Anne Genetet n’est que le dernier avatar d’un trop long feuilleton gouvernemental dont une caractéristique, elle, perdure : le mépris.
Mépris d’une Institution qui au-delà de la formule qui en fait « la mère de nos batailles » selon le pouvoir macroniste, souffre d’un déficit d’investissement, d’un manque d’attractivité qui s’aggrave année après année (le déficit de lauréat·es aux concours d’enseignement s’élève cette année à plus de 3000 auxquels il faut ajouter la pénurie préexistante), d’une revalorisation inexistante, d’une précarité rampante, d’un manque cruel de postes. À ces difficultés structurelles s’ajoute depuis plusieurs années un rouleau compresseur de contre-réformes libérales et réactionnaires, qui laisse les personnels dans une forme d’hébétude face à la perte de sens de leurs métiers.
Nouveauté 2024 : le Choc des savoirs et ses corollaires, les groupes de niveau (rebaptisés groupes de besoin), le nouveau DNB, les prépa seconde ou encore les évaluations nationales généralisées dans le premier degré. Fort heureusement, les équipes se sont fortement mobilisées sur le terrain contre les groupes de niveau et ont réussi à en faire dans une majorité des cas des groupes hétérogènes, refusant ainsi d’assigner les élèves les plus faibles à leurs difficultés et origines sociales.
Il est fort à parier que la généralisation de ce dispositif aux 4èmes - 3èmes à partir de 2025 n’aura pas lieu… faute de prof·es à l’heure où déjà de très nombreux établissements sont en manque d’enseignant·es en maths et français.
Le nouveau DNB plus sélectif et obligatoire pour entrer en 2nde n’a pas été mis en œuvre, ce que les familles et équipes ont appris plusieurs semaines après la rentrée. L’expérience des prépa seconde se limite à une classe par département, à effectifs le plus souvent faméliques, voire vides, avec des programmes inexistants et des objectifs fumeux. Leur avenir ne tient qu’au fil du Choc des savoirs, dont l’idéologie va vraisemblablement perdurer avec la nouvelle ministre, mais dont le coût de mise en œuvre va peut-être signer la mort dans les années à venir.
Dans les Écoles, établissements et services, les personnels vivent tous et toutes la même dégradation de leurs conditions de travail : que ce soit le logiciel Opale qui nuit aux conditions de travail des personnels administratifs, l’expérimentation des PAS qui débute pour les AESH et qui a des conséquences majeures sur la charge de travail, les heures supplémentaires qui deviennent la norme, les contractuel·les jeté·es sans formation devant les classes… La liste est malheureusement non exhaustive.
L’École est au bord du gouffre et seule une réaction massive de ses personnels et des usager·ères pourra instaurer un rapport de forces suffisant pour tendre vers L’École que nous revendiquons.