Education Lutte contre les discriminations

 ADOS EN BIDONVILLES : UNE DÉSCOLARISATION ALARMANTE !

 

La FERC-CGT est membre du Collectif pour le Droit des Enfants Roms à l’Éducation (CDERE), créé en 2009, qui dénonce la situation alarmante des 9 000 enfants [1] vivant en bidonvilles et en squats, la plupart Roms d’Europe de l’Est. Il a décidé en 2015 de consacrer une étude aux 12-18 ans, à paraître le 23 septembre.

Depuis 25 ans que les bidonvilles sont réapparus, une génération est privée d’un accès effectif et régulier à l’école. Si ces enfants discriminés sont invisibles et leur nombre exact inconnu, c’est parce que la plupart des maires, qui ont l’obligation de recenser les enfants d’âge scolaire (article L131-6 du Code de l’éducation), négligent ce recensement ou évitent de compter ceux des habitats précaires.
Selon les diagnostics établis à la demande de la préfecture d’Ile-de-France avant l’expulsion des « campements illicites » entre fin 2012 et juillet 2015, sur 13 000 personnes rencontrées, seulement 20% des enfants en âge scolaire étaient scolarisés !
Nombreux obstacles créent des parcours scolaires chaotiques : refus d’inscription par des mairies, délais des tests et de l’affectation trop longs, les conditions de vie en bidonville [2] … L’obstacle majeur, ce sont les expulsions à répétition des lieux de vie. En 2015, parmi les 11 000 personnes expulsées, un tiers étaient des enfants. Selon la LDH, au 2e trimestre 2016, 932 personnes ont été expulsées de 12 lieux de vie, sans quasiment aucune proposition d’hébergement.

L’été 2016, ça continue : plus de 50 familles à Saint-Denis le 6 juillet, 200 personnes à Saint-Ouen le 26 juillet… Les bidonvilles se déplacent mais comment retrouver le chemin de l’école ?

Pourquoi enquêter sur les adolescent.es ?

C’est l’âge de tous les dangers. L’objectif de l’étude du CDERE est de rendre visibles les phénomènes de non scolarisation et de déscolarisation des 12-18 ans en bidonville.
Révélatrice d’un système discriminatoire, l’invisibilité amplifie la stigmatisation. L’enquête repose sur un recueil d’informations, à l’aide d’un questionnaire élaboré par le CDERE. 161 questionnaires valides ont été remplis dans 34 bidonvilles et squats de novembre 2015 à janvier 2016. L’enquête recueille aussi des commentaires des jeunes sur ce qu’ils pensent de l’école et des entretiens montrant différents parcours ou projets de vie.
Sur ces 161 questionnaires, 85 jeunes (53%) ne vont pas à l’école au moment de l’enquête. Encore s’agit-il de lieux de vie où un suivi associatif permet de limiter les dégâts !
Parmi ces non scolarisés, certains ne l’ont jamais été, d’autres ont été déscolarisés. Le taux de scolarisation chute de 61% pour les 12-13 ans à 4% pour les 16-18 ans !

L’enquête fourmille d’indications intéressantes et débouche sur des recommandations qui se heurtent aux politiques discriminatoires et d’austérité :

  • Mettre fin au déni en produisant une meilleure connaissance de la situation de ces adolescent.es.
  • Renforcer et rendre accessibles les dispositifs comme les UPE2A (ex classes d’accueil) et les UPE2A-NSA (non scolarisés auparavant), en y maintenant les élèves aussi longtemps qu’ils en ont besoin, au lieu de les en écarter au bout d’un an au prétexte de l’inclusion.
  • Raccourcir les délais des tests –du CIO, du CASNAV- et des affectations.
  • Attacher une attention particulière aux jeunes filles, dont l’abandon scolaire est plus précoce.
  • Allouer les moyens nécessaires à la poursuite de la scolarité ou aux dispositifs de formation et d’insertion professionnelle, notamment des parents-adolescents…
  • Une étude très utile pour mieux connaître ces situations… et revendiquer !

[1UNICEF FRANCE, « Chaque enfant compte. Partout tout le temps », 2015

[2Plus de détails dans la brochure du CDERE