Société Dossiers

 Bulletin IHS n°12

 

Une histoire sans fin ?

C’est le sentiment qui a pu nous envahir en cet été 2021 lorsque l’on nous a annoncé l’apparition d’un nouveau variant, toujours plus contagieux, du covid 19 : Delta, telle est sa dénomination.

Qu’en sera-t-il de la situation en octobre ?

L’annonce de Macron d’un processus de vaccination obligatoire pour les soignant·es et la mise en place d’un passe sanitaire a suscité bien des réactions : du soulagement à la colère.

Pour un Institut d’histoire il est trop tôt pour analyser les 18 mois qui viennent de s’écouler aussi bien d’un point de vue sanitaire que d’un point de vue politique ou sociétal, mais ce n’est pas prendre un grand risque que de dire que nous traversons une période de profonds bouleversements.
Notre activité militante a dû s’adapter à ces confinements successifs, au télétravail et aux réunions en visioconférence mais notre envie de comprendre ce qui se passe en travaillant sur ce que l’histoire nous a appris n’a fait qu’augmenter.

L’activité de l’IHS se poursuit donc et les réflexions engagées devront déboucher sur des initiatives concrètes.
Comment sortirons-nous de cela, quels seront les changements qui en résulteront ?
Nous faisons le point dans ce bulletin.
En regardant le programme de la Résistance « les jours heureux », l’élaboration du plan Langevin Wallon pour l’Éducation, on peut mesurer l’espoir qu’a suscité en France la fin d’une période aussi dramatique que le deuxième conflit mondial. Certes, nous sommes aujourd’hui très loin de l’impact qu’a eu la barbarie nazie sur le quotidien mais le choc de cette pandémie mondiale est suffisamment fort pour que, nous aussi, nous nous interrogions sur « le Monde d’après ».
Et, le « monde d’avant » nous continuons à l’interroger.

C’est, aujourd’hui, avec le document que nos camarades du SNTRS, adhérent·es de l’IHS, ont élaboré sur les luttes qu’ils et elles ont mené avec les salarié·es de la Recherche Publique depuis plus de 60 ans.
Ce document sera publié dans le cadre d’une initiative de l’IHS National autour de « Syndicalisme et Service Public ».
Confronté à une crise sanitaire mondiale, la compréhension des enjeux de la Recherche et l’importance des luttes que nos camarades ont menées pour en assurer une meilleure efficacité et la défense des personnels qui y travaillent n’en prend que plus de sens.

Journées nationales d’étude des instituts

Journées nationales d’études des instituts

Annulées puis reportées depuis 18 mois, les journées nationales d’études des instituts devraient se tenir à Kaysersberg du 18 au 21 octobre 2021.
Dans cette période si particulière, cela sera l’occasion de voir comment l’activité des différents instituts territoriaux, fédéraux et l’IHS national ont pu maintenir leur activité.

A n’en pas douter les échanges durant ces 3 jours permettront de réfléchir sur la façon de travailler plus collectivement en utilisant les outils numériques qui se sont fortement développés durant la pandémie.
L’IHS a commencé un long travail sur les questions du syndicalisme et du service public, des initiatives sont prévues et vont pouvoir se concrétiser en 2022. L’IHS-FERC est partie prenante de ces réflexions et nous serons présent·es aux journées d’études.

Vous pourrez prendre connaissance des travaux en consultant le site de l’IHS national.

Féministe et révolutionnaire : "La plume et le fusil"

Dans le cadre de la célébration des 150 ans de La Commune, la CGT a organisé le 25 mai dernier, dans le patio, la représentation théâtrale « La plume et le fusil » d’après les textes de Louise Michel.

Toute sa vie Louise Michel a affirmé son autonomie et créé les moyens de son émancipation. Ce spectacle aborde sous forme d’épisodes, les grands moments de sa vie. De son engagement comme enseignante pour une pédagogie nouvelle et ludique, à sa lutte auprès des femmes, son combat dans la bataille de La Commune jusqu’à sa défense des Kanaks en Nouvelle Calédonie.

C’est la comédienne Émilie Paillard, de la Compagnie TOC, qui l’incarne magistralement : elle fait le spectacle à elle toute seule !
Cela a été l’occasion d’apprécier - voire de découvrir - la modernité des questions éducatives dans les pratiques éducatives de Louise Michel.
Après l’obtention de son diplôme, elle a fondé en 1952, dans la salle à manger familiale, une école libre à Audeloncourt. Auparavant, elle avait refusé un poste dans une école communale car, républicaine, elle n’a pas voulu prêter serment à l’Empereur.
Dans sa classe, elle enseigne une pédagogie basée sur l’observation, l’expérience et le raisonnement. Elle refuse les châtiments et expérimente de nouveaux modes d’enseignement, fait étudier la géologie à ses élèves par des promenades en forêt. Sa classe est une volière, une herboristerie, un jardin. On y trouve un petit musée géologique…
On y lit, on y compte, on y joue des pièces de théâtre. Elle propose des outils pédagogiques en écrivant des Contes et Légendes qui mettent en scène des héro·ïnes nouveaux : humbles, exclus, généreux.
Louise Michel étonne et même irrite le microcosme de l’enseignement par son rejet de ce qu’on appelle aujourd’hui les « savoirs savants » et par son zèle jugé immodéré pour les « pratiques de terrain ».

« La tâche des instituteurs, ces obscurs soldats de la civilisation, est de donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter », Louise Michel, Mémoires

Un nouveau plan Langevin – Wallon pour le monde d’après ?

L’IHS-FERC se propose de travailler à une réflexion sur ce que l’on appelle, depuis plus de 70 ans, le plan Langevin – Wallon. Ce n’est pas le « nous sommes en guerre » du président Macron qui nous amène à esquisser en 2021 un parallèle avec cette période historique mais bien l’impact très important sur la vie quotidienne des mesures prises depuis la pandémie (confinement, couvre-feu, passe sanitaire,…) et les répercussions que cela engendra... peut-être... sur le mode d’organisation de nos sociétés dans le futur.

Ce qui se vit aujourd’hui constituera un marqueur temporel : comme on disait « avant-guerre », ou « après-guerre », on dira vraisemblablement « avant Covid » ou « après Covid ». Se projeter dans un monde d’après nécessite, sans doute, de le faire avec du recul et à partir de références, c’est le sens de la réflexion proposée sur le « Plan Langevin-Wallon ». Ce plan correspond aux travaux de la commission ministérielle d’étude sur la réforme de l’enseignement, parue en 1947, plus connue sous le nom de ses deux présidents successifs : Paul Langevin décédé le 19 décembre 1946 et Henri Wallon.

D’hier à aujourd’hui peut-on comparer les époques ? Quelles étaient les ambitions de ce projet ? Sont-elles toujours d’actualité ? A-t-il été, au moins partiellement, mis en œuvre ? Qu’a-t-il fait avancer ? Comment a-t-il été entravé ?

Bien que jamais voté, ce projet continue de faire référence malgré tout. Au moment où le service public d’éducation est déstructuré, démantelé, vidé de son sens à l’instar des services publics de recherche et de formation professionnelle, un retour sur le Plan Langevin-Wallon pourrait contribuer à enrichir la réflexion pour ensemble à partir du passé, construire des propositions novatrices.

Initiatives à venir

Si les confinements successifs nous ont freiné·es dans la réalisation de nos initiatives, voire contraint·es à leur report, nous continuons à travailler à leur préparation pour les tenir en 2022.

L’activité de l’institut fédéral est animée aujourd’hui par une dizaine de camarades en lien avec leurs organisations et l’IHS national. Un bulletin est régulièrement édité et envoyé aux adhérent·es. Les réunions se tiennent à Montreuil et il est possible d’y participer à distance en utilisant un lien zoom. Pour une meilleure efficacité, il est nécessaire d’élargir ce collectif en intégrant des camarades de toutes les organisations de la fédération. N’hésitez pas à le faire !

Dans un travail commun avec le collectif fédéral « Femmes mixité » et « La Collective » de CGT Educ’action, nous préparons un colloque qui portera sur la prise en compte durant les dernières décennies des revendications féministes par la fédération et ses organisations.
Ce travail se fait à partir des archives du SNETP-CGT, devenu UNSEN en 1988, puis CGT Educ en 2005. Elles sont conservées aux archives départementales de Bobigny (93) fermées pendant les périodes de confinement ce qui a ralenti nos recherches. Notre objectif est de tenir le colloque autour du 8 mars 2022.

L’IHS national, en s’appuyant sur les IHS fédéraux et territoriaux, a engagé un travail historique inédit sur le thème « Syndicalisme et Service public ». L’IHS-FERC apporte sa contribution à ce travail avec un document élaboré par les militant·es du SNTRS sur les luttes menées dans leur secteur, contre la précarité et pour la reconnaissance des qualifications dans la Recherche.
Les questions statutaires (CDI, statut de fonctionnaire ou autre statut) pour l’exigence de qualité du service public font partie du débat.
Quelles ont été les réflexions du syndicalisme CGT de la recherche qui ont conduit à ces luttes, de quelle façon ont-elles été construites dans ce secteur ? Autant de questions toujours d’actualité, riches d’enseignement et qui pourraient se décliner dans chacun des secteurs de la fédération.

Décidée à l’occasion du dernier congrès de la FERC en octobre 2019, la réalisation d’une exposition sur l’histoire de la fédération et des syndicats qui la composent se poursuit. Le travail se fait conjointement avec la contribution de chaque organisation de notre fédération. L’objectif est de la terminer pour une présentation globale au prochain congrès fédéral.

Jean Michel Joubier nous a quittés le 14 mai 2021 à l’âge de 71 ans

Il a été dans les années 90 /2000 animateur de l’activité CGT sur les questions de formation professionnelle, mais pour notre fédération ce fut un des animateur·trices du syndicalisme CGT de l’enseignement privé.

Laborantin au collège Stanislas, gros établissement catho du 6ème arrondissement de Paris, il y fait ses premières armes de syndicaliste CGT, laissons-lui la parole :
« … si j’ai rencontré la CGT c’est grâce à la loi de 1971 [1]. En effet, en 1972, dans l’entreprise où je travaillais, je cherchais vainement la CGT, j’étais dans l’enseignement privé.
On m’a dit : « la CGT dans l’enseignement privé, ça n’existe pas ».
En 1972, il y a eu des élections au comité d’entreprise et il fallait lui soumettre le plan de formation. A cette occasion, je découvre que dans le personnel de service, alors que j’étais dans les étages, il existait depuis 1945 une section CGT et qu’il y a des candidats. C’est ainsi que je me suis retrouvé candidat CGT dans le deuxième collège où je suis élu à la surprise générale. C’est le début de mon activité syndicale [2].
 »

Il deviendra secrétaire du syndicat national SNEP-CGT après Daniel Châtel en 1972 et Annick Guillochon lui succède en 1981.
Il sera membre du bureau fédéral avec Guy Dupré, Secrétaire Général de 1981 à 1984 : à ce titre il est un·e des témoin·es et acteur·trices de la transformation de notre fédération de la FEN-CGT à la FERC.

Représentant de la CGT au bureau de l’AFPA de 1989 à 2001, il devient collaborateur confédéral au secteur enseignement/formation professionnelle en 1992.
En 2005, il sera un·e des conseiller·es pour l’Europe de secteur international.
Sollicité, il fera quelques apparitions à notre IHS et travaillait avec Annick et Daniel à l’histoire du syndicalisme CGT dans l’enseignement et la formation privés.
Militant syndical et politique, il est un·e des témoin·es de l’activité CGT dans les années 1990/2010 et comme beaucoup d’autres, trop peu connu [3].

Alain Barbier

Notre camarade Alain Barbier, secrétaire général de l’Union Fédérale des Retraité·es de la FERC, est décédé brutalement le 11 février dernier. Pour les camarades cette disparition a été un véritable choc.

Ce militant généreux, au verbe haut, assoiffé de culture historique et littéraire, va nous manquer. « Citoyen du monde », internationaliste par conviction profonde, Alain aura assumé et mené bien des combats : celui du travail associé à la Culture avec principalement son syndicat CGT du CNDP, celui d’une laïcité sans compromissions avec « La libre pensée » où il représentait la FERC.

Dans notre UFR, il veillait avec rigueur et compétences sur les droits sociaux des retraité·es.
Alain a mené une vie de luttes, hors des chemins battus. Épris de liberté et de justice, ce militant indomptable fait honneur à notre combat.

Le Maitron

Une des responsabilités de l’IHS est de permettre l’actualisation du Maitron, le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social. C’est notre camarade Gérard Montant qui assure pour l’IHS-FERC la liaison avec le groupe de militant·es et d’historien·nes en charge des biographies du secteur de l’Éducation et de la Recherche. Le travail est mené de façon unitaire avec différentes organisations syndicales.

Aujourd’hui il est essentiel de recueillir les éléments biographiques des militantes et militants qui étaient en responsabilité avant 1990 pour que ces éléments ne disparaissent pas de notre mémoire collective. N’hésitez pas à solliciter les camarades que vous connaissez ou à remplir vous-même le document préalable au travail d’écriture de la biographie.


[1Il s’agit de la loi sur le droit à la formation professionnelle continue.

[2Dans : « L’AFPA la pédagogie de la promotion sociale » Ed IHS-FERC/Sylepse.

[3Nos sollicitations de biographies pour « Le Maîtron » auprès de nos militant·es n’en prennent que plus d’importance.