Oui à l’École inclusive avec des moyens !
Le 14 janvier 2022 lors d’un déplacement dans l’Aisne Éric Zemmour dit préférer les établissements spécialisés pour accueillir les enfants en situation de handicap. Les jours suivants il reviendra sur ses propos qui auraient été détournés.
Pourtant, il n’y a pas d’ambiguïté quand il déclare que, « dans certains cas, la scolarisation est souhaitable ». Qui vise-t-il par « certains cas » ? Et surtout qui sont les « autres cas » qui n’auraient pas de droit à la scolarisation alors qu’il s’agit d’un droit non négociable ? Il poursuit en caricaturant les quelques un·unes qui feraient des miracles et qui dépasseraient leurs camarades « par leur travail et leur intelligence ». L’École compte maintenant 400 000 élèves en situation de handicap, iels étaient quatre fois moins en 2005. Il y a quelques décennies on n’aurait pas imaginé que des enfants porteurs du syndrome de Down (trisomie 21) puissent être scolarisés en milieu ordinaire.
Pour SOS autisme France, Éric Zemmour « défend une vieille vision du handicap et des écoles spécialisées ».
Il n’est plus possible de revenir à l’institutionnalisation systématique des enfants en situation de handicap, pour autant cela ne veut pas dire que nous portions un projet de fermeture totale de ces structures. Plusieurs recherches démontrent que l’inclusion a soit un effet positif soit neutre sur le développement cognitif. Les élèves inclus en classe ordinaire progressent plus en lecture, expression écrite, vocabulaire, orthographe et grammaire que les élèves en classe spécialisée. D’autres études montrent que les autres élèves de la classe développent des attitudes positives à l’égard du handicap.
Nous savons que le frein à la scolarisation de ces enfants n’est pas intrinsèque à leur situation mais bien l’inverse : l’École doit transformer l’environnement afin de répondre aux besoins, et pourtant le compte n’y est pas ! La CGT Educ’action
souligne les limites de l’École inclusive telle qu’elle est mise en œuvre à marche forcée sans moyens humains, matériels et de formation suffisants : des enseignant·es et AESH non formé·es, un manque de personnel (enseignant·es ordinaires, spécialisé·es, AESH), des dossiers MDPH qui trainent où les familles issues des classes populaires sont laissées sans accompagnement, un secteur médico-social partenaire qui est en crise… La liste des manquements de cette école dite « ordinaire » est encore longue...
L’inclusion scolaire nécessite des actes, à commencer par la réduction des effectifs, des temps de concertation sur le temps de travail, l’accès à un statut et donc un métier pour les AESH, une véritable formation. Par ailleurs, l’Éducation Nationale s’affranchit à travers des renvois vers le handicap de ce qui relève de la difficulté scolaire. Il est urgent de reconstituer les RASED qui sont à même de prendre en charge : difficultés de comportement et d’apprentissages, psychologiques…
En fait, Éric Zemmour est à la chasse du concept « inclusif », inclusion scolaire, inclusion de minorités, inclusion de cultures, de genre…. Il préfère le concept d’intégration refusant à « chacun·e d’être à soi-même sa propre norme ». En substance, il reproche à l’École de privilégier l’ouverture à l’autre, à des valeurs émancipatrices au détriment de la morale qui forge l’intégration dans la norme.
Notre projet d’École est à l’opposé des idées portées par ce dangereux personnage. Nous voulons transmettre des savoirs et savoir-faire qui permettent l’ouverture sans référence normative au handicap, au genre, à l’origine…