International

 Penser un syndicalisme international au service des mobilisations

 

Du 20 au 22 mai se tenait la première université d’automne francophone du Global Labour Institute (GLI). Le GLI est un réseau qui essaye de regrouper au niveau international les organisations syndicales qui pour beaucoup participent à la Confédération syndicale internationale (CSI), mais portent un regard critique sur son fonctionnement actuel.

Le GLI est présent avec des instituts au Royaume-Uni, en Russie et États-Unis. Le GLI UK organise depuis 2012 une université d’été anglophone à Manchester. Pour lancer l’initiative francophone le GLI s’est appuyé sur le ReAct, une association plutôt jeune et dynamique, qui de manière volontariste cherche à tisser des liens entre les collectifs militants pour lutter contre les multinationales. Le ReAct a déjà collaboré avec la CGT sur des campagnes de mobilisation visant McDo, STMicroelectronics ou encore des centres d’appels basés au Maghreb.

Cette Université d’automne a permis de croiser plusieurs dizaines de syndicalistes français (CGT, Solidaires, FSU, CNT), internationaux (Afrique, États-Unis, Brésil, Belgique, Grande-Bretagne…)., membres associatifs et chercheur·euses, avec une présence notable de jeunes et de femmes impliqués.

La CGT a participé à cette initiative avec un double objectif : tisser de nouveaux liens avec des organisations syndicales et découvrir de nouvelles méthodes de militantisme issues du monde anglo-saxon, « l’organizing » utilisé avec une certaine efficacité par le ReAct.

La démarche du GLI est au cœur de nos réflexions sur notre action internationale. L’orientation syndicale des structures auxquelles nous sommes affiliés porte légitimement à débat dans nos syndicats. Nous trouvons bien souvent ses instances trop institutionnalisées et défaillantes dans leur soutien aux dynamiques de mobilisations. Elles n’en restent pas moins le cadre où se croisent nos partenaires et la majorité du syndicalisme mondial. Notre démarche vise à la fois à organiser un réseau d’organisation partageant notre démarche syndicale pour peser sur les confédérations syndicales internationales mais aussi, sans attendre, renforcer une action syndicale internationale au service des luttes.

Ces trois jours nous ont permis de voir au travers d’exemples qu’organiser des réseaux de mobilisation à l’échelle internationale s’avère indispensable et utile. À l’image de nos camarades de la fédération de la construction qui pour lutter contre le dumping social produit par le détachement massif de salarié·es dans leur secteur, sans monter les travailleur·euses les un·es contre les autres, participe avec les organisations d’une dizaine de pays européens au réseau REDER pour faire respecter les droits des travailleur·euses détachés. Ou encore les liens tissés entre la CGT et Solidaire avec l’UGTT (Tunisie) et l’UGTM (Maroc) pour aider les mobilisations dans les centres d’appels où bien souvent les sièges sociaux se trouvent en France et les centres au Maghreb.

Cette université d’automne du syndicalisme a été un moment d’échange et de mutualisation de nos expériences. Les membres de l’association ReAct s’inspirent dans leur action des méthodes qui ont accompagné le renouveau du syndicalisme et des mouvements sociaux aux états-unis : « l’organizing » ou « labour organizing » quand il est appliqué au syndicalisme et plus communément « comunity organizing » pour le champ du monde associatif dans les quartiers populaires.

Cette méthode tend par l’action volontariste « d’organizer »à aller chercher les personnes où elles sont pour les organiser durablement autour de leurs préoccupations.
Cette approche combine campagne de communication pour sensibiliser et action pour instaurer un rapport de force et avoir des victoires rapides montrant ainsi l’intérêt de s’organiser collectivement.
Une source de réflexion pour la CGT en prise constante avec ces problématiques de déploiement syndical ou de syndicalisation.